DOMINIK SIKOROWSKI | PHOTOGRAPHIES

Visage, paysage - tout est voyage" (2004)

Plus audacieusement, la profondeur est à trouver dans les regards d’enfants qu’il a su saisir. Aucun n’est indifférent mais chacun appelle qui le contemple à deviner l’arrière-fond d’une humble généalogie, d’une génération et à pressentir un avenir. La profondeur du temps, qui donne à l’homme sa dimension spécifique, est tout entière contenue dans ces yeux d’enfants pourtant si jeunes. Il y a aussi la profondeur de la misère, dans des images plus douloureuses, et il y a l’intense profondeur de la tendresse de cette mère qui contemple son enfant emmailloté, regard baissé, d’une affection immémoriale et divine.

Précoce émule d’un Nicolas Bouvier (1929-1998), écrivain et photographe suisse, modèle du voyageur contemplatif, qui avait commencé ces périples à dix-sept ans par un voyage en Laponie, nous a enseigné «l’usage du monde» (1963) et n’a cessé de regarder et de photographier notre terre et ses habitants avec respect et générosité, Dominik a trouvé d’instinct un langage pour exprimer la beauté du monde, sa nostalgie aussi d’être délaissé, défiguré parfois, à laquelle correspond cette interrogation muette qui se lit dans le regard de ces petits s’ouvrant à la vie. On peut à notre tour y contempler la profondeur du reflet de l’image divine selon laquelle ils ont été créés, qu’accueille aussi, à sa manière plus cachée, la profondeur de la nature. Elles sont belles ces photos de Dominik, mais elles ne sont belles que pour montrer cela.