DOMINIK SIKOROWSKI | PHOTOGRAPHIES

diaporama

expositions

editions

textes

cv

presse

contact

fr | pl

Epris de la beauté des gens et des paysages, il se dédie à la photographie et l'écriture. Voici quelques extraits de ses carnets de voyage.


Le gris n'est pas une couleur (1/2)

 

Moscou: l’horreur. Mais pas celle que j’imaginais. Tout est là, mais tout se perd dans le gris. Les gens aussi, et c’est bien ça le pire. Ils ont peur. Je les croise au coin de rue, dans les entrailles du métro, ou au volant de puissantes voitures. Ici, on est ce qu’on a. Si tu n’as pas – tu n’es rien. On peut te marcher dessus, te frapper, à mort. Ce dédain pour les petits pèse sur la ville, l’étouffe. Mais il est évident, presque naturel.

La Russie est l’immensité, la force. Toujours plus grande, toujours plus forte. Rien ne doit l’arrêter. Et peu importe tout le reste. Le reste, ce sont eux - il y en a des millions. Tant de misérables. Leur misère trouve le fond dans le désespoir. Ils ne se traînent même plus d’un coin à l’autre. Et à chaque bouteille qui se vide, un peu de leur âme les fuit aussi. Sans bruit, tout en douleur. Et peu à peu, ils se figent dans ce paysage morne, froid, glacial. Puis plus rien.       

" Ici on ne vit pas, on souffre."

 Voilà ce que je viens d’entendre aujourd’hui.

 

Je m’arrête, je n’ai plus d’air. Je ne peux plus digérer tout ce mal. Effaré, je cherche un peu de lumière, une planche de secours.

 

A la frontière

Souvenirs d'Ouzbékistan